L’histoire derrière mon premier roman de fantasy : de l’idée à l’édition

Mon premier roman de fantasy ne l’est en réalité pas vraiment. Avant de signer mon contrat d’édition pour La Reine enchaînée – l’histoire en question – j’ai rédigé plusieurs textes à la qualité plus ou moins contestable.

Aujourd’hui cependant, je ne souhaite pas revenir sur ces écrits très formateurs, mais bien sur le parcours de ma duologie de dark fantasy, à paraître cette année aux éditions Nisha et caetera.

« Et si j’écrivais l’histoire d’une princesse magicienne dans un royaume où la magie est interdite aux femmes ? »

« Et si je m’inspirais de la reine Elisabeth 1ère d’Angleterre pour le personnage principal ? »

« La Reine enchaînée… ça sera ça, le titre. »

En avril 2022, la plateforme Fyctia, spécialisée dans les concours d’écriture, lance le Prix Stardust de l’Imaginaire.

Le texte gagnant remportera une publication au format broché dans la collection Stardust d’Hugo Romans, ainsi qu’au format poche chez Le Livre de Poche.

Aussitôt, mon esprit se met à mouliner.

Moins pour le prix du concours que pour sa thématique.

Et puis, je ne me suis jamais challengée de cette matière et ça peut être intéressant de confronter mon texte à l’oeil aguerri d’éditeurs et d’autres auteurs.

Je décide donc d’inscrire une fantasy au concours : La Reine enchaînée.

Les hostilités sont lancées début mai 2022, et j’écris à flux tendu : dès que j’achève la rédaction d’un chapitre, je le publie.

Le concours se passe bien, je découvre d’autres textes et certains auteurs viennent me lire.

Je suis un peu stressée et j’espère au fond de moi que j’irai en finale.

Je ne compte pas sur la popularité de mon texte, puisque je suis loin dans le classement, mais plutôt sur les “coups de pouce” du jury.

Les coups de pouce sont décernés par l’équipe éditoriale, indépendamment du classement, et qualifient d’office le texte pour la finale.

J’espère donc, même si je sais très bien que le texte n’a pas le niveau.

C’est une première ébauche, après tout, et je suis une autrice très débutante.

C’est ainsi qu’en septembre 2022, le concours s’achève sans que La Reine enchaînée n’ait atteint la finale.

Je ne suis pas spécialement déçue, parce que je m’y attendais.

Alors je termine tranquillement le premier jet, puis je le laisse reposer jusqu’à janvier 2023.

Lorsque je relis mon texte, je pleure des larmes de sang.

C’est si mauvais !

Pas étonnant qu’il n’ait pas atteint la finale du concours !

Je me retrousse donc les manches et décide de le réécrire en partant de zéro.

J’ouvre un document Word vierge, et je reprends tout.

Cette deuxième mouture me donne du fil à retordre. Je patauge dans la semoule et j’en arrive difficilement à bout, en avril 2023.

Je ne suis toujours pas satisfaite de ce que j’ai écrit. Je trouve ça fade et creux, avec un goût d’inachevé.

Et puis, alors que je termine à peine ce deuxième round, une maison d’édition réputée lance un appel à texte de fantasy et de dystopie.

Les textes gagnants seront publiés dans son catalogue.

Bille en tête, je me lance aussitôt dans une deuxième réécriture de mon texte.

La difficulté ici ?

J’ai trois semaines.

Trois petites semaines pour terminer le manuscrit et l’envoyer à la maison d’édition.

Cette période est infernale.

Je vis Reine enchaînée. Je dors, mange, bois Reine enchaînée.

Huit à dix heures par jour, sept jours sur sept.

Je ne m’accorde même pas de jours fériés, alors que le mois de mai, c’est la période des ponts et des congés bien mérités.

Si bien qu’à moins de vingt-quatre heures de l’échéance, j’envoie mon manuscrit au comité de lecture avec un chapitre manquant, des restes de l’ancienne version et des fautes d’orthographe en veux-tu en voilà.

Surtout, je suis écœurée par mon texte.

Littéralement, vraiment : dès que je m’assoie à mon bureau pour travailler dessus, j’ai la nausée et mal au crâne.

En parallèle, et pour tromper l’attente, j’envoie mon manuscrit en lecture à ma petite sœur, mon copain et une amie autrice.

Je sais déjà que ce n’est pas bon… mais pas à ce point !

Lorsque je récolte les retours de mes lecteurs tests, mon moral tombe encore plus bas.

Je me résigne aussitôt : jamais le comité de lecture ne prendra le temps de lire mon texte et de me faire un retour.

J’abandonne complètement, accablée par le découragement.

En septembre 2023, je prends ainsi la décision de mettre La Reine enchaînée de côté.

« Je n’ai pas le niveau pour écrire ce roman »

« Je dois encore m’entraîner avant de prétendre à l’édition. »

« Suis-je seulement capable d’écrire un livre ? »

Je suis au fond du trou, frustrée par mes propres limites.

Surtout, ça me rend triste d’abandonner ce manuscrit, parce que son thème, ses personnages, son histoire, me drivent.

Depuis le début, une flamme particulière m’anime pour ce projet.

Je sais que je dois l’écrire, je sais que celui-ci, ce sera le bon, ce sera le manuscrit qui m’ouvrira les portes de l’édition.

Malgré les doutes, la peur et la concurrence féroce, je le sais.

Alors imaginez ma peine quand je décide d’abandonner et de passer à autre chose.

Et puis…

Le comité de lecture de la maison d’édition me répond.

Pas pour m’annoncer que mon texte a retenu son attention, ni que l’éditeur souhaite le publier.

C’est un refus, mais un refus argumenté.

Autrement dit, malgré la piètre qualité de mon projet, le comité de lecture l’a lu et a pris le temps de rédiger un mail détaillant les raisons de son refus.

À ce moment-là, je suis aux anges, parce que je m’étais résignée à ne jamais recevoir de retour.

L’email me liste les points positifs et négatifs du manuscrit, et surtout, me donne des pistes pour le retravailler.

C’est le premier coup de boost, l’étincelle qui ravive la flamme de l’espoir en moi.

Le deuxième, c’est l’annonce d’un nouveau concours sur Fyctia.

Cette fois-ci, il s’agit d’un concours de romantasy dont la thématique est : « Némésis ».

Quand je vois ça, je me dis aussitôt : « C’est un signe. Ce n’est clairement pas un hasard. Tu dois tenter ta chance. »

En effet, l’héroïne de mon histoire s’appelle Némésis.

Surtout, le thème du concours colle parfaitement à celui de mon manuscrit.

J’ai tout de même un petit doute sur le genre de mon roman, qui s’apparente selon moi plutôt à de la dark fantasy qu’à de la romantasy, mais j’y vais quand même.

Remontée à bloc après des mois de découragement et de remise en question, j’utilise l’email du comité de lecture pour entamer une troisième réécriture de La Reine enchaînée.

En parallèle, je tease un peu l’histoire sur Instagram et annonce ma participation.

En octobre 2023, quand le concours démarre et que les votes s’ouvrent, je n’en reviens pas.

En quelques jours, La Reine enchaînée se hisse dans le top 10 du classement et y reste pendant un mois. L’histoire parvient même à atteindre le top 4, autrement dit, le peloton de tête qui se qualifie pour la finale à l’issue du concours.

Je suis effarée.

Les retours de lecteurs que je reçois sont encourageants : des gens aiment mon histoire et veulent connaître la suite !

C’est ce qui me donne la force de persévérer dans cette réécriture titanesque.

Le travail est tellement important, surtout sur la deuxième partie du manuscrit, que je suis obligée de ralentir ma communication en ligne.

Nécessairement, l’histoire dégringole dans le classement et quitte le top 4, puis le top 10.

« Tant pis », je me dis. « L’important, c’est que tu aies retrouvé goût à l’écriture de La Reine enchaînée et que tu saches enfin ce que tu veux écrire et, surtout, comment tu veux l’écrire »

Alors je réécris en novembre et en décembre 2023.

Mon histoire continue de dégringoler dans le classement.

Les premiers coups de pouce sont décernés par l’équipe éditoriale.

La Reine enchaînée se fait de plus en plus discrète, et je sens mes espoirs s’envoler : le manuscrit n’ira pas en finale.

« Tant pis », je me répète. « Ton texte a plu à quelques lecteurs, la version que tu travailles actuellement te plaît, c’est ça, la vraie victoire. »

Janvier 2024 arrive, et avec lui, la fin du concours. Il ne reste maintenant plus qu’une semaine.

« Les dés sont jetés », me dis-je.

Cinq jours avant la clôture des votes, je reçois un email automatique de Fyctia.

Son objet : La Reine enchaînée a été intégrée à La Sélection de l’équipe.

Mon coeur a un raté.

Fébrile, j’appelle ma petite sœur, celle qui a lu la version plus que bancale du manuscrit et qui découvre actuellement la nouvelle mouture.

On se réjouit à renfort de grands cris et de rires nerveux.

Cette journée du 8 janvier 2024, je m’en souviendrai toute ma vie, je pense.

Je la passe dans une espèce de brouillard euphorique, high as hell.

Ça dure jusqu’à la clôture du concours et l’annonce des textes finalistes.

Après ça, je passe en mode bulldozer : je dois finaliser mon manuscrit en un peu plus d’un mois pour le rendre au jury.

Je carbure jusqu’à mi-février : je réécris, ma sœur me relit, je corrige et ainsi de suite.

Plus rien ne compte, à part mon manuscrit. Les doutes, la peur, la procrastination, ne sont pas permis.

Je dois rendre la meilleure version possible de mon texte au jury.

Alors je donne tout, je vais au maximum de mes capacités du moment pour produire le manuscrit la plus propre et abouti de La Reine enchaînée.

Contrairement à la dernière fois, j’ai de l’avance, j’ai même le temps pour une dernière relecture et une ultime passe de corrections orthographiques.

Ensuite, j’envoie mon texte au jury.

Et l’attente commence.

Si vous pensez que j’ai simplement attendu, rongée par l’angoisse et les doutes… vous avez presque raison.

Parce que, même pendant cette période, il se passe des choses pour le moins surprenantes.

Déjà, je vis très mal l’attente entre la remise de mon manuscrit et les résultats du concours.

Je ne le sais pas encore, mais je commence à expérimenter les premiers symptômes d’un trouble anxieux généralisé, qui sera diagnostiqué dix mois plus tard.

Si bien que le stresse me bouffe, que je rafraîchis ma boîte mail plusieurs fois par jour et que je n’arrive à me concentrer sur aucun autre projet d’écriture.

Surtout, je fais des crises d’angoisse.

Ça empire quand les résultats du concours prennent du retard et que l’attente s’étire.

C’est tout bonnement insupportable.

D’autant plus que pendant cette période, une maison d’édition se montre intéressée par mon manuscrit.

Évidemment, je fais bonne figure devant mes interlocutrices, mais au fond de moi, c’est la deuxième guerre mondiale.

Je me permets une petite parenthèse ici, mais il faut savoir que je suis habituée la pression : en hypokhâgne, c’était la pression des concours. À la fac de droit, c’était la pression des partiels et l’écrémage violent qu’on subissait d’une année à l’autre. Ça a ensuite été la pression de l’examen du Barreau, puis la pression des cabinets d’avocats.

Tout ça pour dire : j’ai toujours bien géré le stress et pu composer avec mon naturel anxieux.

Mais à partir de mars-avril 2024, ça devient intenable.

C’est donc très difficile pour moi de gérer l’attente des résultats du concours Fyctia et l’intérêt de la maison d’édition, qui souhaite que je lui envoie mon texte si je ne remporte pas la finale.

Finalement, le verdict tombe mi-avril : La Reine enchaînée perd le concours.

Je vais être franche avec vous : j’en ai pleuré.

De déception, certes, mais surtout, de soulagement.

ENFIN ! L’attente se termine…

… pour recommencer aussitôt !

Eh oui, car une fois mon manuscrit envoyé à la maison d’édition intéressée, je dois attendre qu’elle l’étudie et me fasse son retour.

Un autre éditeur l’a aussi entre les mains et le lit dans la même période.

Bref, c’est l’angoisse totale !

Avril se termine.

Mai se passe.

Juin arrive… et toujours aucune nouvelle.

Je prends mon mal en patience malgré l’anxiété que ça génère : je sais que les délais sont longs, dans le monde de l’édition, et qu’en ce qui concerne La Reine enchaînée, ça va plutôt vite.

Très vite, en réalité, puisque je ne suis pas passée par le processus traditionnel des soumissions.

Donc je continue d’attendre, tout en réfléchissant à ce que je pourrais négocier dans mon futur contrat d’édition et en alternant entre les phases d’excitation et de découragement.

Une vraie montagne russe émotionnelle.

J’essaie tant bien que mal d’avancer sur le tome 2 de La Reine enchaînée, mais c’est beaucoup trop difficile dans ce contexte.Début juin, je reçois l’email tant attendu : la confirmation que La Reine enchaînée aurait sa place dans le catalogue de la maison d’édition !

Ce jour-là, mon copain est en télétravail.

Je bondis de mon bureau et je cours dans le salon.

Inutile de lui parler, il comprend immédiatement lorsque je me mets à effectuer une chorégraphie loufoque, ponctuée de petits bonds excités.

C’est donc une nouvelle étape de franchie : un éditeur est prêt à parier sur La Reine enchaînée, cette histoire que je porte depuis deux ans !

Après un appel avec ma future éditrice pour discuter de l’histoire, je reçois une proposition officielle de contrat d’édition.

Les négociations se passent très bien et début juillet 2024, je signe deux contrats, pour la publication des deux tomes de La Reine enchaînée chez Nisha et caetera.

La Reine enchaînée sera mon premier roman publié. Le premier d’une longue série, je l’espère.

En me lançant dans sa rédaction, en mai 2022, j’étais loin de me douter qu’il aurait un tel parcours.

Et puis, j’étais loin de me douter que ça serait si excitant et terrifiant.

Je ne pensais pas que je pouvais autant aimer une histoire, jusqu’à la réécrire une, deux, trois fois d’affilée, voire en rêver la nuit.

Je ne pensais pas que je pouvais à ce point la détester pour le fil à retordre qu’elle m’a donné.

Aujourd’hui, je n’ai qu’une seule hâte : que vous découvriez mon premier bébé de papier, même si certains d’entre vous en ont peut-être déjà eu un aperçu sur Fyctia.

La Reine enchaînée vit dans ma tête depuis mai 2022.

Il est maintenant temps qu’elle commence à vivre dans la vôtre.

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