Que s’est-il passé, une fois mes contrats signés avec ma maison d’édition ? Une année entière s’est écoulée entre ce moment et la parution du premier tome de La Reine enchaînée en librairie. Pourtant, durant cette période, je n’ai pas chômé et ma maison d’édition non plus. Attrapez une boisson et, pourquoi pas, drapez-vous d’un plaid. Eh oui, cet article promet d’être long, car aujourd’hui, je vous emmène dans les coulisses de la publication de ma première duologie de fantasy.
Après la signature de mes contrats d’édition : l’attente
Dans l’article publié en mars dernier, je vous racontais le périple mouvementé de La Reine enchaînée, de l’idée à la signature des contrats d’édition. Deux années intenses en termes d’écriture et d’apprentissage, jonchées de peurs, de doutes, de beaucoup de travail, et surtout, d’attente.
Car oui, cher lecteur, chère lectrice, mais aussi chers auteurs et chères autrices en herbe qui me lisez, le parcours éditorial implique de prendre son mal en patience :
👉 pendant la période qui suit l’envoi du manuscrit aux maisons d’édition,
👉 mais aussi après l’acceptation dudit manuscrit par l’éditeur et la signature du contrat d’édition.
Autrement dit, le milieu de l’édition, c’est putain de long !
Dans mon cas, lorsque ma maison d’édition a manifesté son souhait de publier ma duologie, seul le tome 1 était écrit. Le tome 2, lui, n’existait pas (je n’avais même pas posé un mot sur Word). J’ai donc signé le contrat d’édition sur synopsis.
💡 Signer sur synopsis, ça veut dire quoi ? Lorsque l’auteur et l’éditeur concluent le contrat, le manuscrit n’est pas écrit. L’histoire tient sur quelques pages Word et est résumée dans ses grandes lignes. C’est ce qu’on appelle le synopsis (et il spoile l’intrigue et son dénouement, contrairement au résumé, qui lui est censé donner envie aux lecteurs en ménageant le suspens).
Ainsi, compte tenu de la politique éditoriale de ma maison d’édition, qui sort les tomes d’une même série de manière rapprochée (deux à trois mois entre chaque parution), il a fallu attendre que le manuscrit soit écrit (ou du moins, bien entamé) pour fixer les dates de sortie.
Ce qui fait qu’entre juillet 2024 – date de signature des contrats d’édition – et janvier 2025, tout le monde a plus moins attendu. Mon éditrice, que je lui envoie le manuscrit du tome 2, et moi, qu’on me communique les dates de sortie de la duologie, ainsi que le planning de travail éditorial (nous y reviendrons).
En tout et pour le tout, il y a donc eu huit mois de battement entre la signature des contrats et le début des corrections.
(Cela dit, ce délai aurait pu être raccourci si je n’avais pas fait un burn-out en novembre 2024. Mais ça, ce sont les aléas de la vie, et j’ai la chance d’avoir été très bien entourée pendant cette période).
L’annonce des dates officielles de sortie et la découverte de la couverture du tome 1
J’ai appris que le tome 1 de La Reine enchaînée sortait le 19 juin 2025 début janvier. Au même moment, j’ai pris connaissance de la couverture réalisée par la graphiste, sur brief de ma maison d’édition.
💡C’est quoi, un brief ? C’est la feuille de route sur laquelle se basent les graphistes et les illustrateurs pour élaborer les couvertures des livres. Il contient, outre le titre, le résumé de l’histoire et son genre, son ambiance, les éventuels éléments qu’on souhaite voir figurer sur la couverture, ainsi que la palette de couleurs envisagée.
En réalité, le mail m’annonçant ces bonnes nouvelles m’attendait depuis début décembre. Mais étant donné qu’à ce moment-là, j’étais au fond du gouffre et en arrêt maladie, je ne l’ai pas vu.
C’est aussi pour cette raison que je n’ai pas pu participer à l’élaboration du brief de la couverture du tome 1, quand bien même j’avais été consultée (en revanche, j’ai pu formuler mes demandes pour celle du tome 2). Enfin, j’étais tellement émerveillée par le travail de la graphiste qu’en découvrant le projet, je suis tombée en pamoison sans demander une seule modification.
(Pour information, il s’agit de Charlotte Thomas, de Studio Cha, derrière les couvertures de La Reine enchaînée).
Le travail éditorial avec mon éditrice
À partir de cette étape, on arrive dans le dur du boulot pour moi !
💡C’est quoi, le travail éditorial ? Il s’agit de la réécriture et du peaufinage du manuscrit, en collaboration avec l’éditeur (en l’occurrence, l’éditrice).
C’est un moment intense, mais bien accompagnée comme je l’ai été, j’avoue que c’est passé comme une lettre à La Poste (malgré le fait que je sortais à peine de mon burn-out).
Du coup, comment ça s’est passé ?
Courant février 2025, mon éditrice m’a envoyé le calendrier des différentes phases du travail éditorial pour le tome 1 : c’est le planning éditorial dont je parlais un peu plus haut dans l’article.
Le calendrier comprenait :
- La phase de lecture et d’annotations du manuscrit par mon éditrice : son rôle est de relever les incohérences, de questionner certains choix narratifs ou stylistiques, mais aussi les actions et les paroles des personnages, de me suggérer des suppressions, des ajouts, des modifications. Bref, c’est un gros travail sur le fond du manuscrit.
- La phase de réécriture du manuscrit en prenant en compte les remarques et commentaires de mon éditrice : pour ce faire, j’ai reçu un document Word récapitulant ses remarques générales, puis mon manuscrit rempli de commentaires en marge (via le suivi des modifications). Mon travail a été de reprendre toutes ces remarques, de les compiler et de les traiter (en les acceptant, en précisant mes intentions ou en en refusant certaines, arguments à l’appui).
- La phase d’allers-retours entre nous : pour valider, retravailler, débattre, jusqu’à obtenir une version propre et lisse du manuscrit afin qu’il soit envoyé en corrections.
- La phase de validation des corrections par mon éditrice et par moi-même : une correctrice professionnelle est passée sur le manuscrit. Elle a corrigé les erreurs d’orthographe, de grammaire, de conjugaison, de syntaxe, etc. Là, le travail sur le fond est terminé. C’est du pur travail de forme. Ici aussi, j’ai dû valider les corrections apportées (et c’est la partie que j’ai moins aimé, même si j’ai beaucoup appris).
- La phase de relecture de la maquette et la validation du « bon-à-tirer » : une fois les corrections validées, mon éditrice a envoyé le manuscrit à un maquettiste pour que celui-ci le mette en page pour sa future impression (ou pour le téléchargement numérique). Nous avons ensuite dû relire la maquette. C’est la dernière étape, au cours de laquelle on traque les dernières coquilles. Après cela, le manuscrit est « bon à tirer », autrement dit, il peut partir à l’impression.
C’est un travail qui s’étale sur deux-trois mois en tout et pour le tout (s’il n’y a pas de retard), et qu’on a dû recommencer pour le tome 2 de La Reine enchaînée, quelques semaines à peine après avoir terminé le rodéo du tome 1.
Je dois l’avouer : c’était intense, compte-tenu du fait que j’étais en convalescence. Mais étrangement, j’ai super bien vécu cette période. Déjà, le courant est hyper bien passé avec mon éditrice. Dès notre premier échange au téléphone, avant même la signature des contrats d’édition, j’avais trouvé que la communication était super fluide, et surtout, elle avait compris mon intention. Je savais donc que La Reine enchaînée était entre de bonnes mains.
Ensuite, le travail éditorial sur les deux tomes m’ont redonné goût à l’écriture, que j’avais perdu depuis de nombreux mois (probablement plus de six, ce qui coïncide avec le début de mon burn-out et les premiers symptômes du trouble anxieux généralisé). Pour tout vous dire, je haïssais le tome 2 avant de me lancer dans sa réécriture avec mon éditrice. De manière générale, La Reine enchaînée me dégoûtait, et je pensais ne plus jamais être capable d’écrire.
Le travail éditorial sur ma duologie a donc fait partie intégrante de mon processus de guérison, et cette période sera toujours un peu spéciale pour moi (rien qui rédigeant ces mots, je ressens de la nostalgie teintée de compassion).
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Les coulisses de la publication : la promotion de La Reine enchaînée
Me suis-je retrouvée désœuvrée, une fois le travail éditorial sur le tome 1 achevé ? Pas vraiment, parce qu’il a fallu entamer la phase de promotion du roman (et assurer le travail éditorial sur le tome 2 dans le même temps… Sportif, vous avez dit ?).
De mon côté, j’ai bombardé Instagram de publications, reels et stories en lien avec La Reine enchaînée. J’ai même enregistré un épisode de podcast où je lisais le prologue du tome 1 (avec une ambiance sonore et tout !).
En l’espace de quelques jours, mon profil s’est transformé en véritable panneau publicitaire.
Quand j’avais des questions, je pouvais compter sur mes supers interlocutrices, au sein de Nisha et caetera, pour me conseiller ou calmer mes doutes (parce que, soyons honnêtes, j’étais très angoissée par cette première sortie).
De son côté, ma maison d’édition s’est chargée de communiquer sur ses réseaux sociaux, mais également de m’organiser de chouettes séances de dédicaces. Si bien qu’avant même la sortie du tome 1 de La Reine enchaînée qui, rappelons-le, est mon premier roman, j’avais déjà trois dates de prévues. Elle a aussi organisé l’envoi de service de presses à ses partenaires et à une liste de chroniqueurs que j’avais moi-même sélectionnés.
💡C’est quoi, les services de presse ? Ce sont des exemplaires (physiques ou numériques) de La Reine enchaînée qui ont été envoyés gratuitement à des lecteurs et des lectrices, en échange d’une chronique, donc d’un avis littéraire posté sur les réseaux sociaux et les plateformes de lecture. Ça permet de donner de la visibilité au livre, ainsi que d’obtenir de premiers avis, un peu avant et au moment de la sortie (et après, cela va sans dire).
La période la plus intense a été celle où j’ai dû gérer en même temps la promotion et le stress de la sortie du tome 1, les premiers retours des lecteurs et le travail éditorial sur le tome 2 de La Reine enchaînée. Si bien que j’ai chopé une otite carabinée qui s’est soldée par une perforation du tympan (rassurez-vous, je m’en suis remise et j’ai récupéré l’ouïe). La preuve qu’au moment de la parution de mes romans, je n’étais pas encore remise de mon burn-out (et à l’heure où j’écris ces lignes aussi, d’ailleurs).
Quelques conseils pour collaborer avec une maison d’édition quand on est auteur
J’aimerais clôturer cet article avec quelques conseils à destination des auteurs qui me lisent et qui, peut-être, souhaitent également publier leur livre.
Avant toute chose, questionnez-vous : souhaitez-vous travailler avec une maison d’édition ? Et si oui, pourquoi ? En effet, certains auteurs préfèrent se tourner vers l’auto-édition pour la liberté qu’offre ce mode de publication, mais également pour maîtriser le processus de A à Z.
👉 À lire aussi : Pourquoi j’ai choisi de travailler avec une maison d’édition pour la publication de mes premiers romans ?
Ensuite, le maître-mot d’une collaboration réussie, c’est : la communication.
Exprimez vos demandes, vos doutes, posez des questions quand vous ne comprenez pas, n’hésitez pas à donner votre avis et à vous montrer proactif (en démarchant vous-même les librairies de votre ville, par exemple, ou en formulant des suggestions pour la promotion de votre ouvrage auprès de votre maison d’édition).
D’ailleurs, cela s’applique aussi au moment de la négociation de votre contrat d’édition : posez des questions, négociez les clauses, demandez à les réécrire ou à ajouter des éléments, le cas échéant.
Bref, exprimez-vous.
En ce qui me concerne, j’ai mis plus d’un mois à signer mes contrats d’édition, parce que je ne voulais pas faire d’erreur, parce que j’avais besoin d’en comprendre chaque clause (bon, je suis juriste, ça aide). Et c’est moi qui ai engagé les négociations, avec un e-mail tellement long que j’en avais moi-même mal au crâne en le relisant (bon, là aussi, j’ai un point de compétence supplémentaire : j’ai un diplôme d’avocate et j’ai été formée à la négo).
Toutefois, peu importe votre profil et votre bagage professionnel (hors écriture) : soyez toujours ouvert à la discussion et, j’insiste, communiquez.
Normalement, si vous collaborez avec une maison d’édition sérieuse et professionnelle, vous obtiendrez des réponses. Je ne dis pas qu’elles iront toujours dans votre sens, mais c’est aussi le jeu, quand on cède ses droits et qu’on est plusieurs à travailler sur un projet.
Enfin, ça, ce n’est que mon avis…